RITE ÉCOSSAIS ANCIEN ET ACCEPTÉ - REAA | HISTOIRE DE LA GRANDE LOGE DE FRANCE SUITE | @Alain Graesel
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RITE ÉCOSSAIS ANCIEN ET ACCEPTÉ - REAA | HISTOIRE DE LA GRANDE LOGE DE FRANCE SUITE | @Alain Graesel

RITE ÉCOSSAIS ANCIEN ET ACCEPTÉ - REAA - HISTOIRE DE LA GRANDE LOGE DE FRANCE SUITE (13.04.2020)

• LES VÉNÉRABLES MAITRES : ÉLUS OU AD VITAM ?

• "GRANDE LOGE DE FRANCE" OU "GRAND ORIENT DE FRANCE" ?

• LE DOUBLE JEU DE PHILIPPE-ÉGALITÉ


La Grande Loge de France et le Grand Orient de France de 1771 à 1789.


Pendant les quatre années qui suivent la suspension de 1767, malgré l'interdiction faite à la Grande Loge de fonctionner, des loges continuent de se réunir dans tout le Royaume, …..

Le 16 juin 1771, le comte de Clermont, qui était toujours Grand Maitre, meurt.

On décide de propose la Grande Maîtrise au jeune Louis-Philippe d'Orléans (1747 – 1793), duc de Chartres, premier Prince du Sang.

Une semaine après la mort de Clermont une assemblée de Grande Loge se réunit et l'institution reprend officiellement force et vigueur.

L'élection de Chartres est acquise le 24 juin 1771 dans une Grande Loge unanime. On procède, dès le mois d’août 1771, au renouvellement des Officiers de la Grande Loge et on adopte de nouveaux Statuts.

Et le 9 août 1772, on vote, pour régler le conflit de 1766 (voir mon article précédent), la réunion de la Grande Loge et du Conseil des Empereurs d’Orient et d’Occident, sous la dénomination de " Souveraine et Très Respectable Grande Loge de France ".

On proclame ainsi en France l'existence d'une puissance maçonnique régissant – ou prétendant régir – l’ensemble de la maçonnerie du Royaume.

Mais il faut également refonder les bases d'une nouvelle administration de l’Ordre maçonnique. Une commission y travaille sous l’autorité du duc de Montmorency-Luxembourg représentant le Grand-Maitre et il apparait rapidement que, parmi les réformes à opérer figure notamment la remise en cause de l’inamovibilité des Vénérables Maîtres de loge, privilège spécialement cultivé parmi les frères de Paris.

Dans les tout premiers temps de la maçonnerie en France le Maître de la loge - donc le Vénérable - était élu chaque année par les membres de sa Loge.

Mais ce temps était bien loin et les Vénérables de Paris – qui dominent la "Grande Loge de Paris ditte de France " - tiennent aussi ad vitam la charge de Vénérable de leur loge, au même titre qu’une charge vénale selon un usage commun sous l’Ancien Régime.


Les nouvelles autorités se réunissent le 24 décembre 1772 et annoncent solennellement que la "Grande Loge de Paris ditte de France" a cessé d’exister sous ce nom et que lui succède une " Grande Loge Nationale ".

Cette dernière appellation n’a rien d’innocent : elle montre clairement que désormais la puissance maçonnique ne sera plus concentrée dans les mains des loges de Paris, et tiendra compte tout autant des loges de la province. Pour ratifier ces décisions, on rassemble, dès le mois de mars 1773, 55 députés représentant 111 loges de province, auxquels ne se joignent que 13 députés des 81 loges de Paris. D’abord rétifs et même opposés, les députés des loges de Paris se résignent néanmoins à prendre part aux travaux de la Grande Loge nationale dont l'assemblée constituante se réunit dix-neuf fois jusqu’en septembre 1773.

Dès le mois de mai 1773, le chapitre 1er des Statuts consacre clairement le nouvel ordre des choses et fait apparaître pour la première fois une dénomination nouvelle : " Le Grand Orient de France sera composé de la Grande Loge et de tous les Vénérables en exercice, ou députés des loges, tant de Paris que des provinces qui pourraient s’y trouver lors de ses assemblées […] Le Grand Orient de France ne reconnaîtra désormais pour Vénérable de loge, que le Maître élevé à cette dignité par le choix libre des membres de sa loge. "


 

REMARQUE SUR LA TERMINOLOGIE "GRANDE LOGE DE FRANCE" ET "GRAND ORIENT DE FRANCE"

Dans cette terminologie " Grande Loge de France " désigne l’équipe dirigeante des Grands Officiers, sous l’autorité théorique du Grand Maître de l'obédience.

Alors que " Grand Orient de France " désigne la réunion - qui serait aujourd'hui l’assemblée générale périodique - des Vénérables et des députés des loges.

On peut donc dire que la "Grande Loge de France" se réunit en "Grand Orient de France" lorsque cette réunion rassemble les Vénérables et députés des loges de Paris et de province.

Les deux termes sont donc utilisés avec des sens différents et c’est par un effet de métonymie que, bien plus tard, l’expression " Grand Orient de France " en viendra à désigner le rassemblement de toutes les loges reconnaissant son autorité obédientielle.

Il en sera de même, du reste, pour la Grande Loge elle-même.

Ce glissement sémantique de 1773 traduit en fait l’émergence du concept moderne d’obédience dont l’évolution s’achèvera dans la seconde moitié du 19ème siècle.



 

Le 26 juin 1773, les nouveaux Statuts sont définitivement adoptés et le 22 octobre 1773, le duc de Chartres est installé en tant que Grand Maitre lors d’une tenue que l’on peut considérer comme la première assemblée générale de l'obédience "Grand Orient de France".


Mais en réalité, malgré les apparences d’une unité retrouvée sous la nouvelle administration, les germes du conflit qui avait occasionné la crise de 1766 et l'arrêt du fonctionnement de la Grande Loge en 1767 vont bientôt aboutir à une nouvelle scission …. animée par des frères revanchards qui n'acceptent pas le nouvel état de fait.

Le 14 juin 1773, ces frères faisant encore partie de la Grande Loge Nationale avaient solennellement annoncé que l’inamovibilité des Maîtres de loge resterait la règle et serait appliquée sans faiblesse.

On ne voulait rien changer et les Vénérables ad vitam voulaient le rester.

Dès le 17 juin plusieurs Vénérables Maîtres parisiens se réunissent donc pour contester auprès du duc de Montmorency-Luxembourg, représentant le Grand Maitre, la validité des délibérations prises et affirment que les députés de province ont usurpé " les fonctions, prérogatives et honneurs de la Souveraine Grande Loge de France ".

Le 26 juin 1773, lors d’une nouvelle réunion, persistant à se qualifier de seule " Très Respectable Grande Loge de France ", ils traitent les Vénérables Maîtres parisiens ayant pris part aux travaux de la constituante maçonnique qui avait débuté ses travaux de " fils ingrats " et " dénaturés ". L'ambiance s'était gravement détériorée. Cette scission, organisée et animée par les anciens qui ne veulent pas accepter les changements intervenus, va

marquer toute la suite de l'histoire, dont je parlerai au prochain numéro


 

Quelques mots sur PHILIPPE D'ORLÉANS, DUC DE CHARTRES (1747 – 1793), GRAND MAITRE de la GRANDE LOGE puis du GRAND ORIENT de 1771 À 1793.

Officier de marine, il se destine à l'amirauté mais après une mauvaise fortune dans un engagement contre les Anglais au large d'Ouessant (juillet 1778), il renonce à la marine et reçoit de Louis 16, en avril 1779, un poste de colonel général des hussards.

Il se montre néanmoins hostile au Roi et a avec lui des relations très tendues.

Adepte des idées nouvelles, admirateur des institutions britanniques, il fait en 1789 partie du groupe de la noblesse qui se rallie au tiers état, devient membre du Club des Jacobins, se fait appeler Philippe-Égalité, refuse l'idée de la régence et vote la mort de Louis 16 en janvier 1793.

Mis en cause au début de la Terreur, il renie la franc-maçonnerie et déclare publiquement : "Comme je ne connais pas la manière dont le Grand Orient est composé, et que, d'ailleurs, je pense qu'il ne doit y avoir aucun mystère ni aucune assemblée secrète dans une République, surtout au commencement de son établissement, je ne veux me mêler en rien du Grand-Orient ni des assemblées de francs-maçons".

Comme en avril 1793, son fils ainé Louis-Philippe - qui sera "Louis Philippe 1er Roi des Français" de 1830 à 1848 - passe à l'ennemi autrichien avec Dumouriez, il est lui-même soupçonné d'entente avec l'ennemi et guillotiné le 6 novembre 1793.

Son substitut, le Duc de Montmorency-Luxembourg lui, fait partie des premiers aristocrates qui ont fui la France après la prise de la Bastille en juillet 1789., in, FB Alain Graesel


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